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OMNES-BLOG

Des chroniques portant surtout sur tout ...

Quand Paris fait son cirque ...

Quand Paris fait son cirque ...

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Pour prétexte à une nouvelle promenade parisienne, que diriez-vous de vous rendre dans le plus ancien lieu de la capitale : Les Arènes de Paris.

Oui ? Alors retrouvons-nous de nouveau au cœur du 5ème arrondissement, proche des quartiers Saint-Victor et Jardin des Plantes.

Comme bien souvent dans Paris, tout commence par une remontée à la surface, métro Place Monge (ligne 7 reliant les stations La Courneuve - 8 Mai 1945, à Mairie d'Ivry et Villejuif - Louis Aragon). Si nous avons la chance d’avoir choisi les journées de mercredi, vendredi ou dimanche, notre regard sera immédiatement capté par le marché de quartier attenant, garantissant au lieu un caractère de proximité et un esprit ‘voisinage’ caractéristique. Ces marchés, si typiques de la vie parisienne, font parfois de la bouillonnante Ville Lumière un espace de convivialité pour peu que l’on sache les déceler ou les discerner.

En traversant sur le trottoir de droite, nous nous retrouvons aux alentours du 75 rue Monge. Cette rue fut tracée par Théodore Vacquer en 1860 en absorbant un tronçon de la rue Saint-Victor. La rue tient son nom de Gaspard Monge (1746-1818), mathématicien français et l’un des fondateurs de l’Ecole Polytechnique.

Après quelques pas vers le Nord, nous croisons la rue Lacépède dont l’appellation rend hommage à Bernard Germain de Lacépède, naturaliste français. Elle relie en côte le Jardin des Plantes à la place de la Contrescarpe. En effet, la rue Monge la sépare quasiment en son milieu entre le côté est donnant sur le Jardin botanique et le côté ouest sur l’effervescente rue Mouffetard.

Quelques pas encore et l’on atteint bientôt l’ intersection avec la rue de Navarre. Cette voie est probablement l'une des plus anciennes de Paris. Pendant trois siècles elle constituait l'extrémité de la rue Rollin (anciennement rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont) au-delà de la rue Monge, et dans sa partie formant un coude à angle droit était appelée rue de Montauban. En 1877, elle est nommée rue de Navarre en relation avec l'ancien Collège de Navarre voisin.

Et soudain le porche du n°49… A priori rien d’exceptionnel… Vous vous trouvez pourtant à quelques mètres de l’endroit le plus ancien de Paris, le seul vestige (avec les thermes de Cluny) encore visible du passage des Romains à Lutèce, l’ancien nom de la capitale : Les Arènes de Lutèce.

En effet, au printemps 1870, et dans le cadre des grands travaux Haussmanniens, on découvrit, en creusant le sol dans la rue Monge, les restes d'un amphithéâtre gallo-romain, dont l'ancienneté remontait au deuxième siècle de l'ère chrétienne. Plus tard, les Arènes furent réellement dégagées dans leur partie sud par les travaux de terrassement de la Compagnie générale des omnibus entre 1883 et 1885, qui souhaitait construire un dépôt de tramways.

De la forme d’un amphithéâtre avec une scène, ces Arènes, probablement construites à la fin du Ier siècle après J.C, ruinées au IIIème siècle et reconstruites au VIème, pouvaient contenir plus de 15 000 personnes. Ses larges dimensions – 132 mètres de long et 100 mètres de larges – en faisaient un lieu privilégié de nombreux spectateurs accourus pour assister aux combats de gladiateurs et de fauves.

Fin du XIXème siècle, les Arènes sont menacées de destruction par les travaux, Victor Hugo adresse alors en juillet 1883 une lettre au conseil municipal de Paris. Quelques jours après, ce dernier se porte acquéreur des vestiges classés désormais monuments historiques.

Lettre Victor Hugo : « Paris, le 27 juillet 1883,

Monsieur le président,

Il n'est pas possible que Paris, la ville de l'avenir, renonce à la preuve vivante qu'elle a été la ville du passé. Le passé amène l'avenir. Les arènes sont l'antique marque de la grande ville. Elles sont un monument unique. Le conseil municipal qui les détruirait se détruirait en quelque sorte lui-même. Conservez les arènes de Lutèce. Conservez-les à tout prix. Vous ferez une action utile, et, ce qui vaut mieux, vous donnerez un grand exemple. Je vous serre les mains. »

La disparition du dépôt d'omnibus en 1916 permet de mettre à jour une autre partie des Arènes. C'est l'architecte Jules Formigé qui est alors chargé des grands travaux de reconstruction.

Les Arènes sont aujourd'hui accessibles à travers l'immeuble du nº 49 de la rue Monge. On peut y lire, en son fronton, « Arènes de Lutèce, partie Nord découverte en 1869, partie Sud mise au jour en 1883-1885, l’ensemble restauré en 1917-1918 »

Elles sont ouvertes tous les jours de 8 h 30 à 17 h pendant l'hiver et 21 h pendant l'été. Aujourd’hui, les arènes sont le terrain de jeu de footballeurs en herbe et des joueurs de pétanque.

Voici donc, à portée du plus grand nombre de par sa gratuité et son accessibilité, un lieu chargé d’Histoire totalement intégré à l’architecture urbaine. C’est du reste cette dernière particularité qui en fait un endroit inédit et singulier.

Seuls une bonne dose de curiosité, un appétit de découverte et un zest d’attirance pour l’Histoire seront requis… et pour les plus gourmands, une dernière rareté : plus haut et sur le trottoir de gauche, au n°14, une boulangerie dont la devanture est inscrite aux Monuments Historiques.

A bientôt pour de nouvelles chroniques parisiennes ...

Sébastien

Une vue des Arènes et l' entrée du 49, rue MongeUne vue des Arènes et l' entrée du 49, rue Monge

Une vue des Arènes et l' entrée du 49, rue Monge

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