Citrouilles teutoniques

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Après la secousse que constitua le premier volet des aventures du gardien des sept clés en 1987 (de mémoire et même si les souvenirs sont lointains, l’un des tous premiers si ce n’est LE premier album de Métal écouté par votre serviteur), les allemands d’ Helloween (combo fondé par Kai Hansen en 1978 et dont l’emblème est… une citrouille) remettent le couvert l’année suivante avec ‘Keeper Of The Seven Keys, Part II’.

Keeper, Part II est aujourd’hui encore considéré par beaucoup comme La Référence, Le Monument incontournable du speed mélodique, sous-catégorie de Power Métal qui a influencé tant de groupes. Ce n'est certainement pas Tobias Sammet de Edguy (pour ne citer que l'un des plus évidents prétendants à cet héritage) qui renierait la filiation.

L'une des différences essentielles du genre avec le reste de la production métallique est la quasi-disparition des riffs au profit de rythmiques harmonieuses, de mélodies structurées et d’un chant souvent pur et clair.

On trouve dans ce 4ème opus du groupe tout ce qui caractérise sa patte. Helloween est certainement alors à son apogée créatrice. Michael Kiske nous livre une prestation vocale époustouflante, en piochant dans des tons très aigus avec une solide maîtrise : le chant bien que souvent haut perché n’est jamais trop agressif, trop strident ou lassant mais bien riche d’invraisemblables intonations. Quant à la paire de guitaristes Hansen/Weikath, elle nous délivre des joutes harmonieuses avec une rapidité d’exécution infernale pour produire un effet de bouillonnement et de fluidité jamais entendu auparavant ; le tout conjugué avec des mélodies enlevées… Ces duels ne sont pas sans nous rappeler, certes dans un style différent, les paires Murray & Smith (Iron Maiden) ou Titpon & Downing (Judas Priest). L'utilisation de la double pédale (Ingo Schwichtenberg) devient également systématique (elle s’est depuis installée dans bien des catégories de Métal) et cette incessante trépidation apporte une sensation d'urgence et de vitesse.

La production de l’album est également au diapason, puissante et dynamique, même si les plus jeunes auditeurs pourront regretter un son quelque peu ‘eighties’… A noter aussi : ce sera le dernier album sur lequel interviendra Kai Hansen pour le compte d’ Helloween (il partira fonder Gamma Ray dans la foulée).

Nous entrons dans cet album, comme sur le Part One, par une introduction aux tonalités classiques qui enveloppent immédiatement l’album d’une atmosphère de magie et d’envoûtement qui siérait parfaitement à une Bande Originale de film d’ Heroïc Fantasy… encore et toujours la griffe Helloween. Ce climat fantastique sera parfaitement illustré par les pistes ‘Eagle Fly Free’, ‘You Always Walk Alone’ ou ‘We Got the Right’ : des titres puissants, rapides, épiques et majestueux comprenant de nombreux éléments de musique dite progressive.

Le morceau ‘Keeper Of the Seven Keys’, qui offre à l’album ses uniques parties acoustiques tout au long d’un merveilleux arpège introductif, constitue la pierre angulaire de Keeper, Part II. Un morceau fleuve de 13min30sec qui n’est pas sans rappeler le titre ‘Halloween’ du volume I. Un titre grandiose conçu comme un conte, astucieusement tronçonné de breaks incessants et d’une richesse extraordinaire où les soli sont innombrables. Cette composition renversante autant qu’effarante illustre à elle seule ce que les hambourgeois représentent dans la sphère Métal et la trace qu’ils ont laissée dans la mémoire métalleuse.

Enfin, Keeper, Part II, tout en peaufinant son côté mélodique, se révèle être une redoutable machine à Hits. Les singles ‘Dr. Stein’ et ‘I Want Out’, deux des chansons les plus populaires du groupe, sont là pour en témoigner. Des morceaux implacables, qui feront l’objet de clips vidéo.

A n'en pas douter, cet album clôt une période que l'on pourrait qualifier d'âge d'or pour Helloween, qui se voit d'ailleurs proposer pour l'occasion une tournée avec Iron Maiden. En parlant de la Vierge de Fer, sachez que beaucoup prédisaient aux Hambourgeois un avenir aussi radieux que celui de la bande à Steve Harris. Ce ne sera pas le cas, loin s’en faut… mais ce diptyque ‘Keeper Of The Seven Keys I & II’ aura laissé, qu’on le veuille ou non, une trace indélébile dans l’histoire du Métal… et pour moi une saveur toute particulière.

Sébastien

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