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OMNES-BLOG

Des chroniques portant surtout sur tout ...

Pêter un fusible...

Photo Jérôme Cherrier

Photo Jérôme Cherrier

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On dit que les français sont des râleurs. C'est vrai. Mais au lieu de faire un constat aussi banal que ça, attaquons nous aux causes du problème. On ne naît pas râleur, on le devient. Et ce, grâce, ou plutôt à cause de petits faits insignifiants quand ils sont isolés mais qui vous pourrissent la vie lorsqu'ils se cumulent. A la fin, on finit par râler. C'est humain !

En guise d'exemple, je vais vous narrer une journée type. Mettre des mots là dessus me servira de thérapie et m'évitera sûrement de commettre un meurtre...

La journée débute à 06h03. C'est très précis. Ca me permet de dire au gens que je me lève à 6h. Les lève-tard peuvent s'apitoyer sur mon sort et je gagne ainsi 3 minutes de sommeil. Je sais c'est idiot comme raisonnement, mais finalement pas plus idiot que de se lever réellement à 6h.

Toilettes, la toilette, habillage, petit déj vite fait, et, zou : en partance pour le boulot. Jusque là, c'est une routine à laquelle, hélas, on s'habitue. Mais l'aventure commence dès l'arrêt de bus où une petite dizaine de personnes attend déjà le fourgon à bestiaux dès 6h40. C'est tôt quand même. Direction la gare. Première cause d'énervement, le bus qui arrive en retard et roule lentement. On ne sait pas pourquoi, mais c'est comme ça... Le chauffeur, lui, s'en fout, il est déjà au turbin. Mais à force de ralentir, on va finir par reculer... Et je vais rater mon train !!! Mon pouls passe de 60 à 80 pulses/min et ma tension de 12/6 à 18/9.

La ligne d'arrivée à la gare sonne le départ d'un sprint jusqu'au quai. Sprint qui relèguerait un Usain Bolt au rang de vétéran de l'athlé.

Nous arrivons, le train et moi, de concert sur le quai, sa locomotive moins essoufllée que la mienne. Un magnifique train de collection. Vous savez les vieux trains appelés de façon mignonne "petits gris". Il paraît que le chauffage n'est pas réglable. C'est le sauna suédois à l'intérieur. Ne vous asseyez pas au dessus d'un de ses radiateurs : trop de chaleur est mauvaise pour les spermatozoïdes. Si vous êtes diabétique, c'est un coup à sentir le caramel rapidement...

Tout le monde est à poil dans le wagon, et on arrive enfin à Montpar. J'écris "enfin", car entre temps, le train s'est arrêté en pleine voie (il devait y avoir des feuilles d'arbres sur les rails) et a mis du temps à quitter une gare. Pas pour des raisons sentimentales mais probablement qu'un abruti a du bloquer la fermeture des portes...

La gare de Montparnasse n'est pas si désagréable que ça... Quand on ne fait qu'y passer... Direction mon troisième moyen de transport : le métro ! Faut aller la chopper la ligne 4. La station est tellement loin de l'arrivée de mon train que je me demande s'il ne devrait pas y avoir une station de métro entre Montparnasse Train et Montparnasse Métro. Donc : couloir, descente d'escalier, couloir, escalator, tourniquet, couloir (interminable), montée d'escalier, couloir, et dernière descente d'escalier. C'est d'ailleurs en général à ce moment que la sonnerie de fermeture des portes du métro retentit. Il quitte la station au moment où vous mettez le pied sur le quai. Sympa... Encore un coup à avoir les abeilles... Bzzz, bzzz...

Les places assises sont encore vacantes. Le métro à cette heure là est un moment de tranquillité. La récup d'un effort en quelque sorte. Il faut bien ça, le périple n'est pas terminé. Man tension baisse quelque peu et quitte le magnifique 32/16 pour redescendre à 13/7.

"Châtelet" annonce une voix féminine à l'approche de la station. "Châtelet" un seconde fois 5, secondes plus tard, pour les cons qui n'ont pas compris. Un peu exaspérant ces annonces à chaque station, mais passons. Notre moutonisation nous permet de les oublier, un filet de bave dégoulinant gentiment de la commissure de nos lèvres.

7h31, je saute littéralement du métro pour rejoindre la ligne D du RER, ultime train avant d'arriver au chagrin (comprenez "travail"). Je marche vite, car je sais que mon train est prévu à 7h30 mais qu'il a toujours deux ou trois mintues de retard. Donc une chance de le choppper !

J'arrive aux tourniquets et là je dois reconnaître l'ingéniosité de la RATP. Ils ont mis en place le pass Nivago. C'est un grand progrès et je le pense vraiment. Celles et ceux qui ont connu la carte orange, savent à quel point il était emmerdant de devoir sortir le ticket (qu'il ne fallait surtout pas perdre durant tout le mois) et le passer dans la fente vertueuse de la machine puis le récupérer à sa sortie. Au final, deux ou trois secondes précieuses volatilisées.

Le pass Navigo nous a libérés, nous les hommes. Je dis les hommes, car les femmes perdent plus de temps qu'avant. Et oui ! Continuons l'histoire. J'arrive au tourniquet, pressé (et râleur, en bon français banlieusard que je suis) et là, se trouve une femme devant moi, en position stationnaire. Banale, la femme. Mais au lieu de passer le badge, la p....asse effectue un mouvement d'avant en arrière de son sac à main sur le détecteur. Sac d'une taille qui le ferait plutôt ressembler à un sac de sport. Le résultat est sans appel. Le Pass navigo paumé entre trois rouges à lèvres, un iphone, deux fonds de teint, un portefeuille, un porte cartes, deux sex toys, une brique, un marteau et une enclume communique très mal avec la zone magnétique. Elle essaye dans un sens, puis dans l'autre pendant que je suis tiraillé entre l'idée de changer de porte et celle de rester derrière la pouf pensant qu'elle va réussir à débloquer la situation rapidement.

Finalement, je reste un temps qui semble durer une éternité. Le pass Navigo qui devait avoir la gerbe à force d'être secoué dans le sac se débrouille pour faire ouvrir les portes. Je passe derrière elle, mais les portes se referment sur moi ! Ah fait chier, ça fait mal !! Je suis pris du syndrome de Gilles de la Tourette et déverse un monceau d'insanités. Les ingénieurs de la RATP, loués quelques secondes avant, deviennent à mes yeux la lie du fond des abysses de la connerie humaine !!! Je repasse le Navigo , et me précipite sur le quai où le train vient, bien évidemment de partir. Dix minutes à rajouter à mon trajet ! Ce ne sont plus des abeilles, c'est une ruche complète !!! Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz !!!!!!!

Le suivant arrive, m'emmène à destination et j'arrive au turbin. Résumons : un bus lent, un train attrapé vraiment à l'arrache, un métro loin, une ...foufias.. et son sac, des portes coupe-humain, un train raté et enfin l'arrivée au boulot : Départ 6h35 de chez moi, arrivée dans mes locaux, 7h55... 1h20 !! Et le matin, je mets moins de temps que le soir... Imaginez le tableau !

Je vous passe ma journée de boulot, on en reparlera peut être un autre jour.

Je vous fait grâce également de mon trajet de retour tout aussi épique, voire plus, que l'aller. Et oui, pour amener un peu de piquant, je ne prends pas le même chemin le soir que le matin. Mais quelque soit celui emprunté, je mets de tout façon plus de temps... Au minimum 1h20 et en moyenne 1h30. Calculez : 2h40 environ par jour perdues dans les transports. J'ai lu une étude récente mentionnant que les transports en communs étaient une source de stress. Sans déconner ???? Celui qui n'est pas énervé n'est pas normal. Même le Dalaï Lama cracherait sur les gens. Quand Lama fâché lui toujours faire ainsi.

18h35, je suis chez moi. On pense retrouver un havre de paix. Je le pense aussi et je l'espère. Tout le monde est rentré, on est au complet, au chaud. On est bien...

Mais pas longtemps ! Un bref coup d'oeil dans le réfrigérateur me ramène à la réalité. Il est vide ce con !!! Comment cela se peut ??? Il y a des mecs qui squattent chez moi dans la journée ou quoi ? Le relevé et l'examen des empreintes effectués, j'en arrive à la conclusion que personne d'autre que mes proches n'est passé dans ma cuisine. Qu'est ce qu'on peut bouffer chez moi !!! Même pas une soupe qui serait tant salvatrice en cet hiver.

Je pars faire les courses à (ou chez, j'en sais rien) Carrefour : Enfer ou Paradis ??? Mmmh, laissez moi réfléchir ! A yé ! Satan est aux caisses et vous pompe votre pognon ! je sais où je suis !!

Alors, là c'est le summum. Ce que je vais décrire est la stricte vérité !

La grande surface près chez moi est super mal foutue. Il y un grand parking couvert attenant. La sortie du parking débouche sur les caisses, mais l'entrée du magasin est à l'opposée de ces dernières. Donc, suivez moi bien, je suis obligé de traverser tout le magasin pour pouvoir espérer claquer ma thune dans ce dévidoir à consommation.

Or, il existe des places de parkings extérieures qui se trouvent plus proches de l'entrée du magasin. N'ayant pas envie de marcher inutilement, je décide, en accord avec moi même de me garer à l'extérieur, donc au plus près de l'entrée. En me disant que je prendrai un caddie parmi ceux qui se trouvent juste à droite de ladite entrée, il y en a toujours. Pas con comme raisonnement hein ? Je prends mes sacs à courses, très seyants, et me dirige avec mon jeton de cadddie vers la grande surface, fier comme un grand stratège qui sait qu'il va gagner la bataille. Et là, stupeur !! Bordel de scheisse !! Pas UN caddie, rien, que de chie, que dalle, le néant, la boîte crânienne d'un footeux !

Un bref entretien avec le vigil m'apprend que dorénavant tout les caddies se trouvent au niveau du parking couvert. Donc, si je me suis bien exprimé et que vous avez tout suivi, je dois traverser le magasin dans sa latéralité pour choppper un truc en métal à roulettes pour ensuite revenir à l'entrée où se trouve mon vigil bien vigilant ! Pour l'économie de marche, c'est rapé. M'en fous, j'ai mes pompes de randos... Gardons un peu d'optimisme.

Faire les courses le soir ne me dérange pas trop. En général, vers 19h, 19h30, le magasin est suffisamment vide pour foncer dans personne , ne pas avoir à slalomer, prendre son temps et ne pas trop faire la queue aux caisses. La seule condition est que je puisse écouter mon MP3. Or, dans la précipitation et l'énervement du constat d'un frigo vide, j'en ai oublié de le prendre (véridique, ça m'est arrivé cette semaine). AHHHHHHH !!!!! C'est nul ! Je m'en veux ! Ma vue se brouille de grosses larmes bleues comme dans les mangas ! Je ferais presque demi tour !! Mais non, je suis trop près des rayons boustifaille pour abandonner. Tiens le coup mon Gégé !!

J'entame donc une course effrénée au milieu des rayonnages, allant à l'essentiel, évitant le coin des bonbons, chocolats, alcools... D'ailleurs, une astuce, faites les courses le ventre plein, vous dépenserez moins ! Au final, je suis quand même passé au milieu des bonbons et alcools... Ce n'est pas bien ! Mais j'avais faim et soif et tout cet étalage indécent devant mes yeux : j'ai craqué ! Comprenez moi monsieur l'juge !!

Malgré mes détours aux rayons interdits, j'ai battu un record de vitesse. Et miracle : les caisses ne regorgent pas de clients. Sauf que c'est sans compter sur la cliente précédente qui a choppé le seul article dont le prix n'est pas référencé... Et oui, un emmerde de plus à ajouter à la longue liste.

C'est mon tour ! Une course s'engage entre la caissière et moi avec le challenge de réussir à mettre dans le sac les denrées aussi vite qu'elles me les passent : je remonte à 160 pulses/min. Elle m'énerve et je l'engueule dans ma moustache car elle jette négligement sur le tapis mes achats, au lieu d'essayer de me les passer. Fait chier, c'est de l'anti-jeu ! Une fois le dernier article passé aux rayons X, je dois payer. Ouille, z'auriez pas un lubrifiant svp ? Non ? Bon tant pis...

Après m'être allégé financièrement, je repars direction le parking pour déposer le caddie ! C'est une grande surface à deux niveaux reliés entre eux par des escalators prévus pour les bordels à roulettes.

C'est très bien sauf quand ils ne fonctionnent pas. Ce qui est le cas ce jour. Un ascenceur du coup, est prévu. Pas cons les concepteurs du magasin. Je m'engage dans l'étroit couloir qui mène à ledit ascenceur. Une personne attend déjà. Je fais de même en bon mouton que je suis. L'ascenceur monte; je le rappelle; il redescend; s'ouvre et là, un autre caddie me fait front. Il faut que je recule car on n'a pas assez de place pour deux... Je recule, laisse passer la dame, avance, mais l'ascenceur se referme et remonte sans moi ! Arrrggghhh ! Je vais tuer quelqu'un, ça me fera du bien : un chien, un homme, une femme, une vieille, un enfant ! M'en fous ! Il me faut quelqu'un à mettre sous le couteau. Il payera pour les autres !!

J'inspire par le nez souffle par la bouche en attendant de nouveau le monte-charge. Cette fois je m'y engouffre. Il effectue un déplacement vertical du bas vers le haut, donc tout va bien.. La porte s'ouvre et des gens sont devant moi !! AAAAAHHHH, reculez bandes de ... Ce qu'ils font rapidement dès qu'ils décèlent dans mon regard une détermination à avancer sans faille, doublée de toute absence d'humanité...

Je rapporte le caddie à l'endroit prévu à cet effet. Je récupère mes sacs prêt à retraverser tout le magasin afin de rejoindre ma voiture. J'ai un pack de bouteilles de lait, un pack de Perrier, deux kilos de yaourts, autant de fromage blanc et moultes denrées lourdes. La situation me rappelle un concours de Force Basque auquel j'avais assisté. Le but était pour le concurrent de parcourir la plus grande distance avec dans chaque main, un pot de lait rempli de ciment. Environ une trentaine de kilos.

Et me voilà parti pour mon épreuve de Force Yvelinoise avec un sac dans chaque main. Plusieurs arrêts sont nécessaires. Notamment pour faire revenir le sang dans mes doigts mais aussi afin d'éviter que mes bras s'allongent trop. J'arrive à ma voiture, les épaules démises, les sacs traînant sur les sol.

Il ne me reste plus qu'à retourner chez moi. Je passe les détails sur le transport des courses de mon sous-sol jusqu'au deuxième étage. Pour vous faire une idée, imaginez sentir vos rotules devenir de la poudre sous le poids...

Je déballe tout le merdier : MERDE ! J'ai oublé d'acheter de la soupe !!! Ma tension est à 48/24 et mes pulses à 245 !! Je dois me calmer, il ne faut pas que je crève maintenant ! Demain matin à la rigueur !!!

Après avoir rangé, mangé, fait une lessive, plié et rangé le linge, il est 22h30. Ma journée se finit et je n'ai rien fait pour moi... Mon pouls et ma tension peuvent retomber jusqu'au lendemain 06h03...

Tout ceci est la vérité et m'est déjà arrivé. Pas tout le même jour, heureusement, j'aurais déjà plongé sous le train....

Nul besoin de se demander maintenant pourquoi le français est râleur...

Et je ne vous ai pas raconté une journée au travail... Vous la lirez dans la rubrique faits divers de vos journaux.

Mais, ça c'est une autre histoire...

Jérôme

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