Elever l'illustration au rang d'Art..

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C'est ce qu'à réussi à faire Frank Frazetta.

Mais qui est ce me direz vous ? Ne niez pas, je vous entends d'ici.

Il est à mes yeux le plus grand peintre que le monde de l'illustration ait connu. Ce n'est pas rien, même si mon jugement est un poil subjectif. Par illustration j'entends la création de couvertures de livres, de bandes dessinées, de pochettes d'albums, affiches de films...

Je ne vais pas m'étendre sur sa biographie, mais sachez que ce brave homme est né en 1928 à Brooklyn et nous a quitté en 2010. Il consacra sa vie à la création de mondes fictifs, de barbares surdéveloppés, de femmes peu habillées aux rondeurs fermes, et de monstres plus effrayants les uns que les autres.

Après avoir travaillé comme asssitant de grands noms de la bande dessinée américaine, sa carrière d'illustrateur débute dans les années 60, période où la SF explose. Il créé notamment les couvertures de Tarzan, de John Carter ou de Conan et délaisse petit à petit la bande dessinée afin de se consacrer pleinement à sa nouvelle carrière.

Frazetta enchaîne toile sur toile, réalise des travaux personnels et continue d'honorer ses commandes.

Succès incontesté ! Des livres regroupant son oeuvre commencent à être édités à la fin des années 70. Il inspire des générations d'illustrateurs et fait rêver nombre d'ados boutonneux et chétifs.

On lui doit notamment l'affiche française de Conan le Barbare qui s'étalait dans nos stations de métro en 1982. J'avais 9 ans à l'époque et je m'en souviens encore.

Parvenu à un tel niveau que les editeurs recherchent des histoires en écho de ses toiles. Je vous dis que c'est un bon !

Frank, appelons le par son prénom, créé des personnages à qui ses pinceaux donnent vie. Le DEATH DEALER en est l'exemple le plus marquant. Un chevalier casqué ne laissant entrevoir que des yeux rouges, armé d'une hache sanguinolante, pourfendant le crâne de ses ennemis s'entassant à ses pieds... Vaste programme...

Plusieurs peintures reprenant ce joyeux personnage ont été réalisées, une bande dessinée en a été tirée, des sculptures, dont une grandeur nature, et même des romans... Kirk Hammett (guitariste de Metallica) a acquis la peinture ci-dessus pour la modique somme de 1 000 000 de $. Quand on aime...

Pourquoi un tel engouement ?

Parce que !!! Ca ne vous suffit pas ? Alors regardez ce que dégage ces oeuvres.

Frazetta délaisse l'exactitude anatomique et la détourne légèrement, suffisamment pour apporter plus de force à ces compos.

Prenons ce viking (qui a servi entre autres de pochette pour un album de Molly Hatchet).

La jambe qui avance et ouvre le passage en écrasant les squelettes est surdimensionnée. Il s'en dégage un effet de puissance. On sait que rien n'arrêtera ce guerrier dans sa marche. Son regard fou nous le prouve également et sa main puissante ne lachera pas son arme.

Beaucoup des oeuvres de Frazetta sont composées en triangle avec la pointe en haut, le héros de l'oeuvre s'y trouvant. Surplombant des morts, un sentiment de supériorité se dégage alors. L'oeuvre ci-après, intitulée à juste titre "The Destroyer" parle d'elle même...

Accrocher une oeuvre de Frazetta dans son salon est le meilleur moyen que votre belle-mère ne vienne plus mettre les pieds chez vous (c'est une idée, je vous l'offre) tant la violence, la puissance, la barbarie y sont présentes...

Devant cette avalanche de brutalité, tentons d'apporter un peu de douceur dans ce monde qu'on pourrait croire résolument geeko-gay.

Frankie savait également représenter la femme (la sienne apparaissant d'ailleurs parfois). Celle ci pouvait revêtir le tout petit habit de guerrière, d'innocente victime défendue par un macho bodybuildé, ou de reine dominatrice, félins à ses pieds. De beaux dessins valant mieux que n'importe lequel de mes discours :

Frank gardant en tête pour chaque oeuvre la crise du textile dont il avait du subir les conséquences inconsciemment, réduisant au minimum tout vêtement qui risquerait de gèner les mouvements...

Certes, son Art peut ne pas plaire à tout le monde.

Pour les plus cartésiens, on nage en plein délire.

Pour les féministes, c'est la dégradation de l'image de la femme.

Pour les marathoniens, les barbares ne pouvaient pas tenir une course de 500 mètres.

Pour les médecins légistes, un avant bras ne peut pas avoir des telles dimensions.

Bref, même s'il ne fait pas l'unanimité Frank Frazetta s'est imposé en maître du genre et a été considéré par ses contemporains comme une référence incontournable. Certains illustrateurs le considèrent comme un demi-Dieu. Hérésie : on se demande pourquoi seulement demi-Dieu ?

Nombre d'artistes sont des enfants de Frazetta, preuve en sont les différents hommages qui lui sont rendus sur le web notamment. Un petit tour ici ou là vous donnera un aperçu de l'impact de son oeuvre.

Et pour les plus aguérris d'entre vous, voici la bio de Frazetta en anglais, plus fournie que la version française...

Enfin, une galerie où vous pourrez vous régaler les mirettes.

Et si par le plus grand des hasards, un lecteur de notre blog décide de nous faire un cadeau pour quelque raison que ce soit, une toile de Frazetta nous ravirait au plus haut point... Nous ne mégotterons pas sur le choix de l'oeuvre...

M'est avis que Frazetta ne dénoterait pas au Louvre entre un Titien et un Géricault...

Mais ça, c'est une autre histoire...

Jérôme

(Allez, une dernière pour la route)